Alors que les célébrations pascales viennent tout juste de s’achever, c’est tout à propos qu’Emmanuel Macron était attendu, ce lundi soir, au Collège des Bernardins, pour répondre à l’invitation de Mgr Georges Pontier, Président de la Conférence des évêques de France.
Je me réjouis de cette initiative qui traduit, une nouvelle fois, une attitude d’ouverture de la part du Président de la République et non pas un prétendu dévoiement de la laïcité, en son rôle de gardien de nos institutions, comme se sont plus à le répéter ad nauseam les thuriféraires de la discorde.
Quel élu peut encore prétendre faire croire à nos compatriotes que la laïcité consisterait pour tout représentant du peuple à se priver de tout dialogue avec les instances religieuses de notre pays ?
Découvrirait-on seulement aujourd’hui que des aumôneries existent dans nos prisons, nos hôpitaux, nos aéroports et tant d’autres lieux publics financés par le contribuable ? Ou encore que nos élus, jusqu’aux membres du gouvernement, sont également présents, à titre républicain, au dîner annuel du CRIF ?
Emmanuel Macron met fin -par son discours- à près de 100 ans d’anticléricalisme primaire, entretenu par une certaine gauche et ses bien zélés dévots, qui visent à faire croire à nos compatriotes - sans succès - que les catholiques seraient des citoyens de seconde zone, toujours prompts à renverser la République pour retrouver le trône et l’autel en vue de l’avènement du Royaume de Dieu.
Cette caricature est battue en brèche par le Président de la République qui précise que l’Eglise, loin de correspondre à la caricature d’une « gardienne des bonnes moeurs » est surtout un chemin pour la « source d’incertitude qui parcourt toute vie et qui fait du dialogue, de la question, de la quête le coeur même du sens, même parmi ceux qui ne croient pas (…) ».
Loin d’être une minorité « hors les murs », les catholiques sont porteurs de questions « pour nous tous, pour toute la nation, pour notre humanité toute entière (… ) : ce qui importe c’est la sève. Et je suis convaincu que la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation »
Emmanuel Macron redonne aux chrétiens leur appartenance à part entière dans la République et, par surcroît, leur rappelle leur vocation à la charité : à l’invitation de Mgr Pontier d’ « améliorer le sort des plus fragiles, des plus pauvres et des plus vulnérables », Emmanuel Macron demande en retour aux catholiques le don « de leur sagesse, le don de leur engagement et le don de leur liberté » à la République.
Les nombreux témoignages et notamment ceux des personnes handicapées nous rappellent que l’Eglise a joué un rôle qu’elle assume encore aujourd’hui de par le monde auprès des défavorisés, des rejetés, des exclus.
Cette vocation sociale de la France, assumée par les ordonnances sur la Sécurité Sociale en 1945, ne découle jamais que de cette longue tradition de charité chrétienne, que l’Etat a récupéré à sa charge, substituant la fraternité républicaine en lieu et place de celle des frères dans la foi.
Cette allocution du Président de la République est conforme à son rôle de garant des institutions : la quête de sens et de sacré - fusse-t-elle chrétienne, musulmane, juive, bouddhiste mais aussi maçonnique - est un droit fondamental que tout républicain sincère doit chérir du tréfonds de son âme.
Cette liberté fondamentale de pouvoir croire et d’exercer son culte, notre pays ne peut que s’en féliciter car ce droit constitue la première pierre de la foi en l’humanisme, en la République et plus simplement en la vertu.
D’Irénée Marrou, en passant par Paul Ricoeur, Blaise Pascal, ou encore Emmanuel Mounier, Emmanuel Macron s’est livré à un exercice de haute voltige qu’il a réussi avec brio, où la République Française avoue de sa propre bouche n’avoir plus honte de son baptême ; de cette eau découle cette aspiration chère à chaque homme : contribuer à la paix entre les hommes.
La messe est dite !
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